Un article Sur l’état de santé mentale des dirigeants et management… Source de REUTERS/John Gress Les cadres n’ont pas le moral. Pire, leur travail nuirait gravement à leur vie: pour la moitié d’entre eux, il génère des troubles du sommeil et déstabilise les relations conjugales d’un cadre sur trois. Enfin, 9% auraient des idées suicidaires à cause de leur vie professionnelle. Ces résultats alarmants issus d’une enquête d’Opinion Way pour la CFE-CGC servent de matériel à la grande négociation des partenaires sociaux sur la qualité de vie au travail. Objectif: aboutir à un accord d’ici le 8 mars. Il y a du pain sur la planche. De fait, tous les indicateurs sont dans le rouge. Le baromètre du stress au travail mis en place par Opinion Way a atteint des sommets: 6,6 sur 10. Un niveau inégalé depuis 2003, avec des conséquences désastreuses sur le plan personnel. Privé, public, cadres, employés… Visiblement, nul n’y échappe. Les résultats de la dernière enquête Cegos, leader mondial de la formation professionnelle, ne sont pas non plus réjouissants: moins d’un Français sur deux se juge satisfait du climat social dans son entreprise, et un quart l’estime carrément mauvais. Une poussée d’insatisfaction qui n’augure rien de bon: selon cette même enquête, 44% des personnes interrogées se disent prêtes à faire grève si leurs conditions de travail continuent à se dégrader.
Un problème de santé publique
Pour autant, les partenaires sociaux craignent qu’il ne reste de leurs rencontres qu’une déclaration de bonnes intentions. Le Medef souhaiterait par exemple un texte non contraignant, selon Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC et médecin du travail, qui affirme que le sujet reste tabou: « En France, le stress au travail est assimilé à une faiblesse, à un manque de volonté ou d’ambition. Les relations sociales ne sont pas à la hauteur de la moyenne européenne, et notamment des pays du Nord ». Le stress génère un coût important, à la fois pour l’entreprise et la société, puisqu’il s’accompagne souvent d’arrêts de travail, de maladies, et de décès prématurés -il est notamment cause d’infarctus. « Au final, le stress au travail tue plus que la cigarette! » lance Bernard Salengro. En outre, le manque à gagner est considérable, puisque le stress pèse sur la productivité des travailleurs. En tout, il coûterait à l’Etat entre 2 à 3 milliards par an. « Nous ne sommes plus dans des traditionnelles revendications liées aux salaires ou aux retraites ». Les employés exigent aujourd’hui plus de confiance, de dialogue, de reconnaissance… Le modèle de l’entreprise idéale a changé. Mais dans les écoles de commerce et de gestion, rappelle Bernard Salengro, « la mode managériale est à l’individualisme et à la rivalité, l’importance de la qualité de vie au travail n’y est pas enseignée ». La question de la transmission de cette notion sera au coeur de la prochaine discussion entre partenaires sociaux, fin décembre. Source de REUTERS/John Gress